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1 décembre 2009 2 01 /12 /décembre /2009 18:44

Mais quel sera le lien de tous ces esprits qui cherchent chacun la vérité, et qui ne marchent point du même pas ? Quel principe constituera cette Église par laquelle on arrive de tous les côtés, et réunira ces chrétiens qui ne sont rapprochés ni par le rite, ni par le dogme ?

Le même principe qui est à la base des Eglises particulières, le commandement qui, selon Jésus, résume la Loi et les Prophètes, l'amour de Dieu et de l'Humanité. Le seul lien entre toutes les sectes, la seule religion universelle est l'amour ; quiconque est pénétré de la morale de l'Évangile et en fait la règle de sa vie, celui-là accomplit la Loi éternelle et est membre du Royaume de Dieu.

Tant que les protestants adopteront la méthode autoritaire et s'obstineront à chercher l'unité de foi dans l'unité de croyances, ils ne pourront échapper à l'impitoyable dilemme de Bossuet, et ne seront qu'une fraction obscure et inconséquente du catholicisme. Le seul moyen de triompher de l'orgueilleux auteur dès Variations est de recourir à la conscience et au jugement individuels, et de poursuivre la vérité dans la mesure de nos forces sans prétendre à l'absolu. C'est par ce complet affranchissement des symboles et des formules que le protestantisme aura sa raison d'être, et que nous pourrons aspirer à cette Église universelle qu'a dépeinte Channing avec une sainte passion et une splendide éloquence. Ernest Stroehling (1867).


"Il y a une Église plus grande que toutes les Églises particulières quelque grandes qu'elles soient : c'est l'Église universelle qui s'étend sur toute la terre, et ne fait qu'un avec l'Église qui est dans le Ciel. Tous ceux qui suivent le Christ ne forment qu'un seul corps, un seul troupeau ; c'est ce que nous enseignent différents passages du Nouveau Testament. Vous vous rappelez la ferveur de sa dernière prière : "Que tous ne fassent qu'un, comme Lui et son Père ne font qu'un."

Dans cette Église sont admis tous ceux qui participent à l'esprit de Christ. Elle ne demande pas qui nous a baptisés, de qui nous tenons notre passeport, quel signe nous portons. Si nous avons été baptisés par le Saint-Esprit, ses larges portes nous sont ouvertes. Là sont réunis ceux que des noms différents ont séparé et séparent encore. Là il n'est pas question d'Eglises grecque, romaine ou anglicane, mais seulement de l'Eglise de Christ. Mes amis, ce n'est pas là une union imaginaire. Quand l'Ecriture parle ainsi, ce n'est pas une vaine rhétorique, c'est la vérité pure. Tous ceux qui participent sincèrement à la vérité chrétienne, sont essentiellement unis. Dans l'esprit qui les anime, il y a une force d'amour qu'on ne trouverait dans aucun autre lien. Séparés par les mers, il y a entre eux des sympathies fortes et indissolubles. La voix nette et puissante d'un chrétien inspiré vole par toute la terre et dans un autre hémisphère touche des cordes qui lui répondent. La parole d'un Fénelon par exemple arrive à des millions d'âmes dispersées dans le monde. Ne sont-elles pas toutes de la même Eglise ?


Je tressaille de joie au nom des saints qui ont vécu, il y a des siècles : le temps ne nous sépare pas, l'ancienneté ne les rend que plus vénérables. Ne sommes-nous pas du même corps ? Est-ce que cette union n'est pas quelque chose de réel ? La réunion dans un même édifice n'est pas ce qui fait une Eglise. Me voici dans un temple. Je suis assez près de l'un de mes semblables pour le toucher, mais il n'y a pas entre nous un sentiment commun. La vérité qui me remue, cet homme s'en rit comme d'un rêve et d'une chimère, le désintéressement que j'honore, il l'appelle faiblesse ou folie. Que nous sommes loin l'un de l'autre, quoiqu'en apparence si voisins ! Nous appartenons chacun à des mondes différents. Que je suis plus près de quelque âme pure, généreuse qui vit dans un autre continent, mais dont la parole a pénétré mon cœur, dont les vertus m'ont enflammé d'émulation, dont les pieuses pensées s'offrent à mon esprit, lorsque je suis dans la maison de prière. Lequel de ces deux hommes est de mon Eglise ?


Ne me dites pas que je m'abandonne à un rêve de mon imagination, quand je dis que des chrétiens éloignés, que tous les chrétiens et moi-même, nous ne formons qu'un corps et qu'une Église, aussi longtemps qu'une même piété et qu'un même amour nous possèdent. Rien de plus réel que cette union spirituelle. Il y a une grande Eglise qui embrasse tout : chrétien, j'en fais partie et personne ne peut m'en faire sortir. Vous pouvez bien m'exclure de votre Eglise romaine, de votre Eglise épiscopale, de votre Eglise calviniste, pour quelques défauts supposés dans mon symbole ou dans ma secte, et je suis content d'en être exclu ; mais je ne veux pas qu'on me détache du grand corps de Christ.

Qui me séparera d'hommes tels que Fénelon, Pascal et Borromée, de l'archevêque Leighton, de Jérémy Taylor et de John Howard ? Qui rompra le lien spirituel qui m'unit à ces hommes ? Ne me sont- ils pas chers ? L'esprit qui déborde dans leurs écrits et dans leurs vies ne pénètre-t-il pas mon cœur ? Ne sont-ils pas une partie de mon être ? Ne suis-je pas un autre homme que ce que j'aurais été si ces grands esprits n'avaient agi sur moi ? Et est-il au pouvoir d'un synode, d'un conclave ou de toutes les assemblées ecclésiastiques du monde de m'en séparer ? Je tiens à ces grands esprits par la pensée et l'affection, est-ce qu'on supprime la pensée et l'affection par la bulle d'un pape, ou l'excommunication d'un concile ?

L'âme brise dédaigneusement ces barrières, déchire ces toiles d'araignée pour s'unir aux grands et aux bons, et si elle possède leur esprit, est-ce que vivants ou morts, les grands et les bons la repousseront parce qu'elle ne s'est pas enrôlée dans telle secte ou dans telle autre. Une âme pure a le droit de cité dans l'univers entier. Elle appartient à l'Eglise, à la famille de ceux qui sont purs dans tous les mondes. La vertu n'est pas chose locale, elle n'est pas respectable parce qu'elle a pris naissance dans telle ou telle société, mais à cause de sa beauté indépendante et éternelle. Voilà le lien de l'Eglise universelle. Nul homme n'en peut être excommunié que par lui-même en tuant la vertu dans son âme. Toutes les sentences d'exclusion sont vaines, si nous ne brisons le lien de la vertu qui nous unit à toutes les âmes saintes. " (William Ellery Channing)

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commentaires

M
<br /> Fénélon...Rappel : né en 1651(Louis XIV en 1638)il est chargé de missions auprès des protestants pour les convertir, de 1678 à 1687 -Révocation de l'Edit de Nantes en 1685- dès 1690 il est séduit<br /> par la doctrine quiétiste de Mme de Guyon (amour contemplatif, loin des barrières religieuses terrestres)finalement condamnée par le pape en 1699. Disgrâce de Fénélon. Il écrit, en 1707, dans son<br /> discours au sacre de l'Electeur de Cologne :<br /> Si vous ne voulez qu'intimider les hommes, et les réduire à faire certaines actions extérieures, levez le glaive ; chacun tremble, vous êtes obéi. Voilà une exacte police, mais non pas une sincère<br /> religion...Où seront donc ceux que le Père cherche, et qui "l'adorent en esprit et en vérité" ? Souvenons-nous que le culte de Dieu consiste dans l'amour... ("Anthologie de la prose française" p<br /> 162, de Marie-Claire Weber-Lefeuvre)<br /> <br /> <br />
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  • : Eglise unitarienne francophone
  • : Le courant unitarien est né au XVI° siècle et a été la "benjamine" des Réformes protestantes. Il se caractérise par une approche libérale, non dogmatique, du christianisme en particulier et des religions en général. Les unitariens sont près d'un million dans le monde entier. En pays francophones (en Europe occidentale : la France et ses oays d'Outre-Mer, la Wallonie, la communauté francophone de Bruxelles, la Suisse romane, Monaco et Andorre ; au Canada : le Québec ; et en Afrique noire), il s'e
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